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Ode à la lune









De alef (א) à aleph (א) sur la roue de l’exil
De la boue de ton ombre à l’ombre de ta boue
Pour que la droite et le cercle regagne midi :
sept cent soixante-quinze mille quatre cent trente-trois h’alakim

Par l’astronome du Sinaï
le cratère des saisons

Par le taureau de plumes
de sable
et d’acier

Par les douze blasons du fleuve imprononçable

Drapeau de cristal
ta mort n’aura pas lieu

Dans la poussière de nos sangs rassemblés
tu peins des angles précis
Pour que nos mains d’étoiles et de souffles
guident nos pieds jusqu’aux portes


Extrait d’Ode à la lune















Le Birkat ha lévanah ou "Ode à la lune" appartient à la liturgie juive depuis plus d'un millénaire. Tissage de paroles bibliques et d'ajouts au fil des siècles, il est rédigé en hébreu et en araméen. À partir de sa lecture éclairée par de multiples rencontres, de ses recherches historiques et philologiques, Julien Grassen Barbe a composé un poème qui s'entremêle étroitement au texte traditionnel. Yissakhar – l'astronome d’Israël personnifié dans son rapport aux ciels – lance sa parole jusqu'aux étoiles.














Projets en cours
Abécédaire




 





Poèmes en vrac
L’échassier




I



près de la
machine-à-laver
les poissons et les pierres,
un sâdhu aux poumons de lichen
regarde voyager les ponts



c’est la canne de Satie
l’arbre changé en oiseau
qui pose à l’hiver des
équations d’algue







II




un nœud marin
à tête de hublot observe
passer les chevaux du fleuve, il
rêve à sa nuit de reptile du temps où la
lune était d’aluminium, ses yeux ronds,
atomiques comme les étoiles du Grand
Chien abritent des pensées d’eau trouble,
son bec est un javelot, un thermomètre à
écailles, une sonde à creuser les miroirs,
c’est une équerre prête à s’envoler, un
revenant sur la branche recoiffée, le
profil d’Héraclite noir comme
la neige, comme la plume
du harpon égyptien, 
S










Crédits photos : Laurine Sajoux